Tribune : Interdiction des feux de cheminée à Paris: pourquoi ?

La Ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, vient d’ordonner au Préfet d’Ile de France l’annulation du décret visant à interdire les feux de cheminée en Île-de-France à partir de janvier 2015.
Elle a récemment démenti les chiffres annoncés par AirParif stipulant que les feux de cheminée polluaient autant voire plus qu’une voiture diesel. La question est de savoir pourquoi cette mesure avait été prise et pourquoi la Ministre de l’Écologie revient finalement sur cette décision.

Cesser le feu, une mesure démesurée ?
«  La pollution de l’air à Paris constitue certes un problème majeur, auquel il faut trouver des solutions rapidement. Cependant, et contrairement à certaines études jouant sur les chiffres, la principale cause de cette émission de particules n’est pas à imputer aux feux de cheminée. Ségolène Royal l’affirmait récemment « On nous a fait croire que les feux de cheminée polluaient plus que les voitures diesel. J’ai été moi-même très surprise, surtout des chiffres qui ont été utilisés ! »

La DRIE-IF (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie d’Île-de-France) s’est en effet lourdement trompée mettant le chauffage au bois au même rang qu’une voiture diesel.
D’après Airparif, la principale cause d’émissions de particules de moins de 10 microns de diamètre dans la région parisienne est la circulation automobile (44% des particules) !
La combustion de bois de chauffage représente seulement 4% (en période hivernale), soit 10 fois moins que la circulation routière.
À noter par ailleurs qu’Airparif considère tous les feux de bois dans leur globalité (feux agricoles et les feux de jardin, pas si rares dans les Yvelines, l’Essonne ou la Seine-et-Marne).

La filière bois n’incite en aucun cas les particuliers à se chauffer avec à un foyer ouvert, bien au contraire. Ce type d’appareil de chauffage possède un rendement énergétique très faible (environ 15%) et peut dégager de nombreuses particules.
La filière s’engage depuis longtemps contre l’émission de ces composés organiques, en créant des labels de qualité pour les appareils de chauffage performants (Flamme Verte) et les combustibles de qualité (France Bois Bûche), assurant ainsi leurs sûretés et leurs performances.
Parmi les plus innovantes d’Europe, la filière bois française déploie et soutient d’ailleurs de nouveaux combustibles secs, faciles d’utilisation et ne produisant pas de particules, comme la bûche compressée par exemple.

Pour profiter de cette sensibilisation nationale vis-à-vis des particules, il serait intéressant de proposer des aides aux particuliers pour qu’ils puissent s’équiper avec des appareils de chauffage plus sûrs et plus performants. Une expérience, menée par l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) en Isère. L’idée est d’accompagner la population dans ce mouvement de sensibilisation en créant une aide financière de 1 000 euros par foyer leur permettant de mieux s’équiper. Le résultat de cette expérience est éloquent : de nombreux inserts furent installés tout en préservant la liberté des utilisateurs.

La sensibilisation passe aussi par des gestes simples permettant d’émettre moins de particules et d’augmenter le rendement énergétique de son appareil.
Ce décret n’aurait pas lieu d’être si tout le monde avait connaissance de ces bonnes pratiques, véhiculées par tous les acteurs sérieux de la profession :

– faire installer l’appareil de chauffage par un professionnel. Il est important de le placer à un endroit stratégique du logement.

– ne pas encrasser le matériel en brûlant des feuilles de papier, des morceaux de palettes, du bois vert, etc. Le combustible doit être sec, moins de 20% d’humidité pour un bois bûche par exemple, et de qualité.

– entretenir régulièrement l’appareil de chauffage. Deux ramonages annuels sont obligatoires, le décendrage et le nettoyage de la vitre sont également indispensables pour conserver son efficacité.

– faire tourner son appareil à pleine puissance. En effet, si l’appareil tourne au ralenti, la combustion ne sera pas complète et il  dégagera des particules imbrûlées.


Une filière qui brûle à petit feu ?
Dévorée par le travail au noir qui représente 80% du marché, en ajoutant à cela la TVA à 10% alors que celle pour un abonnement GDF et EDF est seulement à 5,5%, la filière commence à s’essouffler dangereusement. Elle n’avait donc pas besoin de ce nouveau décret qui aurait encore plus mis la tête sous l’eau à tous ces professionnels du bois.

Denis LELIEVRE, directeur de « Aux Combustibles Parisiens » voit en ce décret un énorme enjeu économique et écologique : « Cette annonce a été médiatisée trop rapidement à mon sens. Cela aura permit de sensibiliser les utilisateurs quand aux risques liés à l’émission de particules. Cependant, cette annonce instaure un trouble réel chez l’utilisateur de bois de chauffage qui n’estime plus objectivement l’intérêt de se chauffer au bois. Cela aura donc été un sérieux problème pour les professionnels du secteur qui voient leurs clients freinés par ce flou et toute cette ambiguïté autour de cette non-interdiction. Devant nous y voir un certain lobbying ? ».

La Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie ne se trompe pas en rappelant que le bois est la première source d’énergie renouvelable en France, que 30% du territoire français
est boisé (4ème plus grande superficie de forêt de l’Union Européenne) et que la filière représente 440 000 emplois. La Ministre semble s’orienter dans le sens de la filière qui est de favoriser l’équipement d’inserts propres.

Le bois de chauffage constitue la meilleure énergie renouvelable, propre et économique, indispensable à la transition énergétique.

Brice JOHNER, fondateur du site « LeMarcheDuBois.com »

 

Qu’en pensez-vous ? Réagissez ci-dessous !


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *